lesmotsducoeur

              Les enfants de la nuit      1983

         Aux enfants des mines de Colombie et d'ailleurs !

         toujours d'actualité en 2013

Le sourire a déserté ton visage

lorsque l'heure a sonné.

Ferme les yeux, rêve d'autres paysages

que ce champs empierré !

« Mais dis-moi, que fais-tu là

avec ce sac en toile ?

Je t'en prie, ne me dis pas

que déjà, tu travailles !

Et pourquoi restes-tu là,

à me dévisager ?

Allons bon, qu'est-ce que tu as ?

Ne sais-tu pas jouer ? »

      Refrain

      Les enfants de la nuit

      comme toi

      parfois, lancent des cris

      dans le noir...

      Les enfants de la nuit

      comme toi

      n'ont qu'une petite bougie

      pour espoir

Il faut que je me rende à l'évidence ;

tu pars vers un trou noir.

Les autres enfants te suivent en silence.

Tu cries ton désespoir !

« Hé, madame, que fais-tu, là,

seule assise par terre ?

On te laisse, nous, on s'en va,

on a bien trop à faire !

Ne t'en fais pas s'il y a

peu d'argent à gagner,

nous n'avons pas vraiment le choix

si nous voulons manger ! »

Moi, je suis restée là, les bras ballants ;

indécise, incrédule !

Ce peut-il, qu'ici travaillent des enfants,

de l'aube, au crépuscule ?

Je ne sais qui changera

ton désolant destin ?

Je me dis qu'avec la foi,

c'est toujours pour demain.

On a bien voté des lois

devant te protéger,

mais l'on fait fi de tes droits,

faute à la pauvreté !

On prétend que la misère est fautive

de cette condition.

Je pense à ta silhouette chétive

extrayant le charbon !

La mine et toi, ce n'est pas

une belle histoire d'amour !

Avec elle tu grandiras

sans presque voir le jour !

J'espère que tu t'en iras

si tu peux t'échapper !

N'importe quel ''ailleurs'' aura

un goût de liberté !

Anges trimant dans cet enfer,

armés de pioches, de pelles en fer !

Enfants innocents dans un bagne !

Pauvres petits que rien n'épargne ;

surtout pas la peur, la chaleur,

ni la sueur, ni la noirceur !

Rampant au ventre de le terre,

respirant la suie, la poussière !

Livrés à la mort qui les guettes,

tapie, comme une horrible bête !

Pourquoi, tous ces cris dans ma tête 

me parviennent de toute la planète ?

Les enfants de la nuit

comme toi,

parfois lancent des cris

dans le noir !

Les enfants de la nuit

comme toi

n'ont que petite bougie

pour espoir !