Tueur à l'abattoir
Tueur à l'abattoir
Une bétaillère s'arrête
et l'on entend à l'intérieur
les gémissements d'une bête ;
une fille descend, toute en pleurs !
« Faites vite, je vous en prie,
mettez un terme à sa souffrance,
mais soyez gentils avec lui ;
je l'aime depuis mon enfance ! »
On ouvre les deux portes,
le cheval hennit doucement !
On doit le tirer pour qu'il sorte...
et là, ses cris sont déchirants !
« que le meilleur d'entre vous
fasse son boulot jusqu'au bout,
un, qui ne le ''manquera '' pas ! »
Le chef lui désigne Lucas !
Elle dit « pour ton dernier voyage,
je t'accompagne, comme chaque jour,
là où tu vas...pas de paquetage...
je penserai à toi toujours... »
On voit que l'animal comprend !
Il sait qu'au bout, la mort l'attend !
Lucas et son grand ''savoir-faire''
éprouve une tristesse amère.
A toujours vivre dans le sang,
bientôt, on touche à la folie !
Aujourd'hui, il découvre un sens,
accorde une valeur à la vie !
Il voudrait partir, n'importe où,
quitte à faire n'importe quoi,
s'endormir pour oublier tout ;
tout ce sang qu'il a sur les doigts !
Pour la première fois,
il manque de courage.
Il a baissé les bras,
il essuie son visage.
Il ne la regarde pas,
serre ses poings de rage.
Il a peur cette fois,
de ''rater'' l'abattage
Lucas reste pantois,
entre eux, quelque chose est passé !
Il ne peut pas s'expliquer quoi ;
une sorte de complicité...
Elle lui a dit « merci,
vous savez, moi, je n'aurais pas pu...
certes, vous avez pris sa vie,
mais au moins, il ne souffre plus ! »
Lucas ne peut répondre ;
aucun mot ne sort de sa bouche...
Il voudrait tant changer de monde,
ne plus tuer tout ce qu'il touche !
Il ne sait plus combien de fois,
ses mains ont pu donner la mort...
dès demain, il ne revient pas...
Cette histoire à changé son sort !
Pour la première fois,
il manque de courage.
Il a baissé les bras,
il essuie son visage.
Il sait qu'en restant là,
s'il ne plie pas bagages,
la peur lui restera,
de rater l'abattage !
Il réalise qu'il en a marre...
d'être tueur à l'abattoir !
A la campagne, il peut arriver qu'une bête se blesse grièvement
et qu'aucun vétérinaire, surtout équin, ne puisse se déplacer rapidement.
Quelquefois l'attente pour une euthanasie classique est trop longue !
Si l'animal souffre vraiment trop, l'abattoir le plus proche reste,
en dernier recours, la solution la plus rapide pour abréger ses souffrances.
Dans les années 80, nous avions lié amitié avec notre boucher...bizarre !
Cet homme et son épouse étaient des gens biens ! Gentils !
Voici l'histoire vraie de Michel M...
Enfant de la DASS , à l'âge de seize ans, Michel s'est retrouvé dans
l'enceinte d'un abattoir. On l'a laisser attendre un long moment dans un
local en compagnie d'un jeune veau. Comme il s'ennuyait,
il s'est mit à caresser l'animal...chose logique !
Ils sont revenus et lui ont dit qu'il fallait bien avoir un métier et que le
sien était tout trouvé...ici même !
Sans lui laisser le choix, ils lui ont dit qu'il allait tuer son premier veau.
« Lequel ? » a demandé Michel, hébété. Celui-là, lui a-t-on répondu
en lui désignant le petit veau qu'il cajolait depuis plus d'une heure !
Il s'est révolté un grand moment mais à l'époque, quand on venait de
l'assistance, on n'avait rien à dire ; c'était parfaitement inutile !
La mort dans l'âme, les jambes en coton, dans un état second,
il a été obligé de tuer ce veau...
Après, nous confia-t-il, « on ne caresse plus jamais le moindre animal !
Tuer devient aussi facile que d'allumer une cigarette !
Par contre, je me suis toujours battu pour que les bêtes soient respectées ;
pas question de coups violents sur elles, je n'ai jamais supporté
la sauvagerie humaine ! »
Un jour, un dépeceur s'est gravement blessé avec une tronçonneuse.
Tellement habitués au flots de sang, tout le monde le regardait se vider,
en plaisantant ! Jusqu'au moment où Michel alerté est arrivé !
Personne n'avait réagit, ni appelé du secours !
Il s'en est occupé et l'homme en question a été sauvé de justesse !
Il a réalisé que la vue de tout ce sang, tout le temps, les rendait fous !
Il n'en pouvait plus de ne pas avoir une petite amie, de ne pouvoir construire
une famille, parce-que les filles s'éloignaient de lui quand il leurs disait
son métier...tueur à l'abattoir...
Après cet incident, adulte et enfin libre, il a quitté son poste.
Il est resté dans la viande, il ne savait rien faire d'autre !
En plus il avait mis un point d'honneur à très bien tuer, sans souffrances !
Il était devenu un des meilleurs et comme nous avions des chevaux...
nous savions pouvoir compter sur lui si un malheur arrivait !
Heureusement, la vie nous a épargné d'avoir un jour recours à lui !
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